mercredi 3 janvier 2018

Bandes Dessinées : Les Mondes Fantastiques de Frazetta T1 / Slaine - Geste des invasions T2

J'adore l'imagerie fantastique de Frank Frazetta, j'adore la Fantasy, l'Heroic Fantasy, la Sword and Sorcery, les vieux Comics, les Comics décalés pleins d'Anti-Héros à la 2000 AD... Alors quand je passe faire un tour chez mon dealer de comics préféré de la Métropole Lilloise et que je tombe sur "Les Mondes Fantastiques de Frazetta T1" et "Slaine - Geste des invasions T2", j'achète sans trop réfléchir. On est tout à fait dans les ambiances que j'imagine pour notre univers de jeux, correspondantes à des mondes sauvages et barbares.


Les Mondes Fantastiques de Frazetta T1




Ce premier tome contient quatre histoires :

Le démon des marais : Traversant la forêt éternelle d'un pas vif, trois druides arrivent enfin aux abords de la clairière sacrée. Mais là-bas, des démons très puissants les y attendent. Ces derniers sentent d'ailleurs l'odeur des humains et se mettent à les chasser.




Le royaume des ténèbres : un vieil homme raconte à son petit-fils l'histoire de Morden le rouge, un guerrier viking qui parcourait souvent les mers nordiques. Or, alors qu'il revint à son village, lui et ses compagnons retrouvèrent leurs maisons calcinées, leurs femmes et leurs enfants morts...




Créatures : Malgré son poste de président des Etats-Unis, Théodore Roosevelt était le chef d'un groupe d'experts en paranormal. Alors qu'il se rend dans des ruines maya, des extraterrestres font leur apparition, essayant de ramener à la vie le dieu maya de l'infamie : Tlacolotl.

Dracula et le loup-garou : Nicolai est amoureux de Marta. Mais sans le sou, sa famille préfère la marier à un comte des alentours. Maudit, le jeune homme se transforme les nuits de pleine lune en loup-garou. Tandis que la jeune femme arrive dans le château, elle constate que son prétendant n'est autre qu'un vampire. Nicolai, sous son apparence bestiale, ne peut laisser son amour en danger...




Le premier tome des bien nommés Mondes Fantastiques de Frazetta s'intéresse ainsi à quatre œuvres du légendaire artiste, en donnant toute liberté à un duo de scénariste / illustrateur afin de livrer une vision très personnelle de l'univers évoqué derrière une image. Une image certes puissante, mais par nature figée. L'exercice ne paraît d'ailleurs pas toujours des plus utiles, Frazetta s'intéressant lui-même à des mythes largement popularisés. En l'occurrence Dracula Meets the Wolfman, une peinture cathartique et iconique qui donne naissance ici à une histoire sans grande envergure. Une histoire d'amour et de haine trop classique malgré la plume de Steve Niles (30 jours de nuit), pas forcément aidé il est vrai par une mise en image un peu brouillonne de Francesco Francavilla. Heureusement le reste se montre beaucoup plus imaginatif, en particulier le Créatures de Rick Remender (Fear Agent, le jeu Dead Space) et Peter Bergting, qui s'inspire d'une toile fantaisiste pour décrire le dernier combat d'un Theodore Roosevelt, guerrier du surnaturel, face à une invasion martienne mâtinée de théologie inca. Un grand n'importe quoi obligatoirement sympathique et référentiel, qui profite d'un graphisme stylisé très proche d'un Mike Mignola (Hellboy).




Dans Swamp Demon, Joshua Ortega profite d'une entité monstrueuse et d'une superbe créature dénudée en pleine incantation pour étendre l'univers établi dans Death Dealer. Une trame qui se déroule quelques centaines d'années auparavant mais permet de retrouver un certain vieux druide dans une situation apparemment inextricable. Démons et sorcellerie font ici leur grand retour pour un conte maléfique des plus efficaces. Quand à Dark Kingdom, au départ peinture très ouverte du maître mettant en scène un guerrier viking que l'on imagine prêt à affronter le pire. Le tableau devient sous l'inspiration de Mark Kidwell (plus habitué à de la BD horrifique comme Bump ou Creature From The Depths) le départ de ce que l'on peut imaginer comme une grande fresque épique dans la droite lignée d'un Beowulf. Un village massacré, une vengeance, un combat contre un dragon millénaire, une légende inachevée... Le segment a d'ailleurs depuis eu droit à une suite, via une mini-série supplémentaire. Il serait clairement dommage de s'arrêter en si bon chemin, surtout qu'une nouvelle fois l'édition française possède un cahier d'une quarantaine de pages proposant interviews des artistes, croquis et extraits des scénarios. Du beau livre comme à chaque fois.




Frank Frazzetta (avec deux "z" à l'époque) naît en 1928 à New York. Comme de nombreux artistes de sa génération, il est fils d'immigrés (italiens en l’occurrence) et vit ses premières années à Brooklyn (à croire que chaque immeuble abritait un génie en devenir !). Seul garçon d'une fratrie de quatre enfants, il sera en grande partie élevé par sa grand-mère qui va fortement l'encourager dans son amour pour le dessin qui apparaît dès son plus jeune âge.

Sans qu'il ne sache vraiment d'où cela vient, le jeune Frank a un besoin compulsif de dessiner. Ce qui coûte cher, si bien que comme nombre de ses contemporains aspirants artistes sans le sou, il va se procurer du papier de boucher pour pouvoir continuer à s'exercer. Il ira même jusqu'à dessiner sur du papier-toilette, ne se laissant jamais abattre par ses conditions de vie. Il dessine tant et si bien qu'il devient vite évident qu'il a un don certain pour l'art.




Ses professeurs de l'école n'étant plus d'aucun secours pour lui à seulement huit ans, sa grand-mère l'inscrit à l'école d'art de Brooklyn, une petite école de quartier où il va suivre l'enseignement d'un certain Michele Falanga. Ce Napolitain parle un anglais plus que sommaire mais peut se targuer d'un gros bagage technique en peinture et sculpture en ayant appris l'art de professeurs des plus académiques. Cependant, Frazetta déclarera qu'il n'apprendra pas grand chose de cet homme mais plutôt de l'émulation avec ses camarades sur place.

En 1944, alors qu'il n'a que seize ans et que la plupart des jeunes de son âge cirent encore les bancs du lycée, lui va décider de rentre dans la vie active en devenant l'assistant de l'artiste Bernard Baily. Ce dernier est un collaborateur fréquent de Jerry Siegel avec qui il va créer les personnages du Spectre ou d'Hourman. Frank Frazetta (il a fait tomber ce "z" entre-temps) va encrer ses dessins pendant un certain temps et apprendre le métier par la pratique.

Au sein du studio de Bernard Baily, qui affiche une rotation d'artiste assez constante, Frank Frazetta va réaliser de nombreux encrages et les crayonnés des décors, dessins complémentaires et tout ce qui relève du travail de remplissage. Au fil du temps, il va réussir à décrocher une page ou deux qu'il dessinera entièrement par lui-même. C'est ainsi qu'il va se faire remarquer par Graham Ingels qui va lui donner du travail au sein de Standard Comics. Là, il va illustrer tous les genres possible et imaginables, western, comics de guerre, historiques ou encore de fantasy.

Au fil du temps, il finit par être reconnu et va notamment attirer les regards d'EC Comics où Ingels qui y travaille désormais lui propose de nombreux comics d'horreur. Il y travaille son imaginaire, développe son univers et rencontre Al Williamson, autre artiste de génie à qui l'on doit notamment Creepy et Eerie (et qui fera plus tard le bonheur de Marvel) qui va rapidement devenir son ami. Frazetta qui depuis toujours rêvait de devenir dessinateur de BD est définitivement consacré quand Al Capp lui proposera de l'assister sur le très célèbre strip Li'l Abner.




Il va travailler durant neuf ans avec Capp, période durant laquelle il va se marier mais aussi créer son propre strip, Johnny Comet, et travailler sur Flash Gordon. Sa carrière va prendre un tout nouveau tour par un coup du hasard. Par amitié, il peint une affiche parodique pour le magazine MAD, où l'on voit Ringo Starr, le batteur des Beatles. Celle-ci va attirer le regard de United Artists, un grand studio d'illustrateurs qui va offrir à Frazetta une reconversion assez inattendue.

Alors qu'il pensait qu'il continuerait à être un dessinateur de BD, Frazetta va se découvrir un immense talent d'illustrateur en réalisant de nombreuses affiches de film durant toutes les années 60. Surtout, son contrat avec United Artists va lui ouvrir un tout nouveau pan de son art qui va devenir assez ironiquement ce pour quoi il est aujourd'hui le plus connu.

Canaveral Press qui avait eu vent de son travail sur EC Comics et ses couvertures d'Eerie (notamment La Reine des Mers qui sera réutilisée sur la pochette du premier album de Wolfmother) va lui confier les couvertures de plusieurs romans d'Edgar Rice Burroughs qu'ils rééditent. Si bien que Frank Frazetta, en illustrant des personnages comme Tarzan ou John Carter va redéfinir son art. Une peinture puissante, classique et effrayante, très américaine dans sa monumentalité mais qui appelle aussi à un certain mysticisme.

Cela deviendra encore plus vrai quand ce même éditeur, ravi de son travail, va lui confier les classiques de Robert E. Howard. Avec sa série de peintures sur Conan, l'artiste va créer un nouveau genre, une nouvelle bible visuelle, celle d'une fantasy sombre et menaçante. Lui-même adepte de la musculation, il peut avec ce personnage de barbare explorer la puissance du corps humain et pourtant l'écraser dans des environnements menaçants et terriblement exotiques. Son art allie alors un académisme et une science des couleurs, de la composition et de l'imaginaire qui va en faire un des peintres les plus originaux de sa génération.

Son ami Al Williamson lui propose alors de devenir l'artiste des couvertures des Eerie et Creepy (des magazines anthologiques de comics d'horreur) qui sont désormais publiés par Warren Publishing. Frazetta en profite pour développer un univers propre et personnel. Il ira plus loin en développant avec Ralph Bakshi un film d'animation, Fire and Ice (dont Robert Rodriguez a prévu, un jour, de faire le remake). L'animation reproduit l'art très réaliste de Frazetta mais le film sera un échec et un gouffre financier et va convaincre le peintre de rester à son art de prédilection.




Il va à ce moment-là, enchaîner quelques-uns de ses chefs-d'œuvres, notamment le Death Dealer qu'il peint pour être la pochette d'un album du groupe de Southern Rock Molly Hatchet. Il va aussi faire des pochettes pour Dust et Nazareth, puis progressivement s'éloigner des affaires pour peindre pour son propre plaisir. Assez étrangement, il ne retournera jamais au dessin de bande-dessinée. La fin des années 90 seront marquées pour lui par une série de problèmes de santé, notamment des attaques qui vont le laisser avec une paralysie dans le bras droit.

Ses dernières années seront terriblement tragiques, puisqu'il verra ses quatre enfants se battre pour son héritage (alors qu'il n'est pas encore mort, autant ne pas avoir de race jusqu'au bout). Son aîné ira même jusqu'à voler des peintures dans son musée. Pendant que ses enfants étaient en pleine procédure judiciaire les uns contre les autres, Frank Frazetta rendra son dernier souffle le 10 mai 2010. Son héritage dépasse pourtant largement la valeur marchande de ses peintures, puisqu'il aura créé presqu'à lui seul le paysage visuel de la dark fantasy.




Site à visiter (entre autre) : http://frankfrazetta.net/index.html


Slaine - Geste des invasions T2




Les démons des mers fomors ont envahi Tir Nan Og, les terres de l'éternelle jeunesse. Dans cette guerre totale, Slaine avance en créant des charniers, découpant de sa hache ses ennemis.

L'histoire :


Slaine a été envahi par le Spasme de Furie et il décime depuis les troupes des fomors. Mais le combat contre les démons des mers se révèle inégal et les terres de l’éternelle jeunesse sont bel et bien en péril. Malgré lui, Slaine doit négocier avec Scota, Reine des Atlantes. Néanmoins, cette alliance contre-nature ne suffit pas à assurer la victoire. Il ne lui reste plus qu’à essayer de négocier la protection de Danu, la déesse Terre elle-même. En entrant dans son royaume, par le puits sacré, il laisse ses compagnons de guerre derrière lui. S’avèrera-t-il aussi habile en pourparlers qu’il est au combat ? Pourra-t-il réintégrer son monde ou succombera-t-il à Danu ? Parviendra-t-il à sauver Tir Nan Og des Démons des Mers ?

Le duo d’auteurs s’est déjà rodé sur Le seigneur du Chaos, tome 8 de la série précédente et plus récemment d’ABC Warriors. Cette suite des aventures mythologiques – et mythiques – de Slaine s’appuie sur les éléments les plus violents des récits précédents. De taille et d’estoc, de masse d’armes abattue, il n’est presque question d’autre chose. Les scènes de combat font donc l’essentiel du récit. Quant au travail de Langley dans cette saga, le dessinateur mêle dessins, photos et images de synthèse. Moi personnellement j'adore et je vais m'efforcer de trouver les autres tomes de la saga.




Sláine : Sláine est un nom revenant souvent dans la mythologie celtique irlandaise. Le premier haut-roi mythique de l’Irlande s’appelait Sláine mac Dela ; ce nom peut ce traduire par « la pleine bonne santé ». L'auteur s'est très largement inspiré des héros irlandais Sláine mac Dela et Cúchulainn pour créer le personnage. Par exemple, Sláine et Cúchulainn sont de grands guerriers et tous deux sont capables d'une furie meurtrière, ou « spasme de furie ».

Slaine, Mac Roth de son nom, est le héros, il appartient à la plus haute caste de guerriers de sa tribu, il possède une hache fétiche (mord-cervelle) qu’il utilise tout au long de ses aventures. À 16 ans, il entre dans la cabane où est retenue captive la promise du roi (Niamh) et lui fait l’amour. Apprenant cela, le roi en prend ombrage et condamne Sláine à l’exil. Niamh considère alors que Sláine l’a abandonnée et lui en veut terriblement. De leur amour est né un fils, Kai. Au cours de cet exil il parcourt L’Europe de l’Ouest et découvre les dangers qui menacent les tribus encore libres. Son exil est ponctué de moult péripéties : il tue à tour de bras, la Déesse l’envoie en l’an 1014 aider les Irlandais à vaincre les Vikings à la bataille de Clontarf, il délivre une jeune fille nommée Medb qui allait être sacrifiée à Crom Cruach, il rencontre un nain du nom d'Ukko, qui deviendra son faire valoir dans toutes ses aventures. Il dérobe à un seigneur drune le chaudron d’abondance qui nourrit quiconque s’en approche. Après six ans d’exil, il retourne dans sa tribu où il devient roi, en grande partie grâce au fait qu’il ramène le chaudron d’abondance. Tout comme Sláine mac Dela sur ses frères (autres rois de l'Irlande), Slaine Mac Roth en prenant le titre de « Dieu cornu » a autorité sur les autres chefs de tribu. On notera toutefois que Mac Roth est présenté comme Sessair (et non lié aux Fir Bolg ou Nemediens comme Mac Dela). Le nom de cette tribu, composante des Tuatha Dé Danann fait référence au peuple des Cesair du Lebor Gabála Érenn.

Sláine a aussi donné naissance à deux jeux de rôle chez Mongoose Publishing. L'un est basé sur les règles du système D20, l'autre sur celles de RuneQuest II Édition OGL. Le second est la transposition du premier dans des nouvelles règles. La version du système D20 n'est plus éditée.



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