mercredi 10 janvier 2018

Bande Dessinée - Luc Orient

J'ai aussi ramené de mes vacances quelques vieilles BD que je n'avais pas lu depuis une éternité, notamment toute une série de "Luc Orient".


Le Cycle de Terango (1967-1969), il inclut les albums : Les Dragons de feu, Les Soleils de glace, Le Maître de Terango, La Planète de l’angoisse, La Forêt d’acier.




Tout le monde connaît ou a au moins entendu parler de Flash Gordon, que ce soit par la bande-dessinée créée par Alex Raymond en 1934 (rebaptisée « Guy l’éclair » lors de sa publication dans le Journal de Mickey), son adaptation savoureusement kitsch produite par Dino deLaurentis en 1980 et son incontournable intro de Queen (Flash! A-ah, savior of the universe!) ou, pour les plus malchanceux, la navrante série télévisée de 2007. Mais connaissez-vous son homologue français Luc Orient ? Débutée dans le journal Tintin du 17 janvier 1967 sous la plume de Greg et les pinceaux d’Eddy Paape, cette série met en scène un trio très semblable à celui de Flash Gordon: un héros intrépide blond et athlétique (Luc Orient à la place de Flash Gordon), une jeune et jolie partenaire féminine (Lora Jordan au lieu de Dale Arden) et un éminent scientifique (Hugo Kala remplace Hans Zarkov). Et de même que les premières aventures de Flash Gordon le voyaient affronter le tyran extraterrestre Ming sur la lointaine planète Mongo, le premier story-arc de Luc Orient suit un pitch similaire.




Luc Orient, Lora Jordan et Hugo Kala sont des scientifiques du laboratoire Eurocristal-1 dont Kala est le directeur mais le scénario reste flou sur leurs spécialisations. En tant que savant de service, Kala est évidemment expert dans n’importe quelle discipline: biologie, physique, électronique, géologie, astrophysique, médecine, chimie, etc… Et comme il s’occupe déjà de tout, ses deux collègues se retrouvent sans aucune compétence à démontrer au lecteur. Lora est ainsi réduite au rang de simple assistante parfois créditée comme infirmière et Luc, même s’il est parfois décrit comme un physicien, ne fera jamais preuve de réelles connaissances en la matière. Il est même plus physique que physicien, d’ailleurs.




Un jour, Kala apprend le décès de son ami Damiani, alors que ce dernier revenait de fouilles dans la vallée de Sher-Dahng en Inde. Sa mort est due aux radiations d’un minerai radioactif d’origine extraterrestre découvert lors de ses travaux et que Kala appelle selon les scènes « pierre qui tue » ou « pierre interdite ».




Selon une ancienne légende orientale, ces pierres auraient été apportées sur Terre par des « Dragons de feu ». La plupart des gens interprètent cette légende comme une pluie de météorites mais Kala a une autre théorie :




Afin d’en avoir le cœur net, Kala et ses deux assistants se rendent donc à Sher-Dahng où ils sont rejoints par Toba, le guide hindou de feu Damiani qui les escortera durant l’expédition pour les suivre ensuite en Europe et devenir leur domestique. Il souffre à ses débuts d’une diction à géométrie variable, alternant sans raison des phrases dans un parfait français et d’autres à la limite du petit-nègre. Ce défaut d’élocution disparaîtra dès le deuxième album, les auteurs s’étant probablement vite rendus compte du côté quelque peu raciste de la chose.




Mais nos quatre aventuriers ne sont pas les seuls sur les traces des mystérieux « Dragons de feu »: un certain Julius Argos est également à leur recherche. Génie scientifique chauve et bossu dont les compétences rivalisent avec celles de Kala dont il fut le disciple mais totalement dépourvu de scrupules, Argos est l’exemple parfait de la science sans conscience ainsi qu’un sosie saisissant du Vautour de Spider-Man.




Il est secondé par deux assistants. Le premier est Toro, une brute épaisse forte comme un bœuf qui réussit l’exploit de ne prononcer qu’une seule réplique durant les deux albums où il apparait. Et encore, je ne suis pas certain qu’on puisse considérer CECI comme une réplique :




Le second, plus loquace et maniéré, est le britannique Rowney qui héritera à l’issue de l’expédition du sobriquet peu flatteur de « blanc qui glapit devant le danger. »




Mais revenons à nos quatre héros qui, dès leur arrivée à Sher-Dahng, sont plus ou moins pris en otages par les Thargs, une tribu vivant cachée du reste du monde et détenant le secret d’une drogue immunisant contre les radiations du métal intégral.




A noter que cette drogue a pour effet secondaire de plonger ses consommateurs dans un sommeil de plusieurs jours. Sachant que l’immunité aux radiations n’est que temporaire et que les Thargs doivent régulièrement renouveler le traitement, il faut espérer que cet effet secondaire est uniquement valable pour la première prise, sinon les membres de cette tribu doivent consacrer la moitié de leur existence à dormir.

Quoi qu’il en soit, les Thargs profitent du sommeil de nos héros pour leur enseigner leur langage par hypnose (c’est pratique pour le scénario), leur permettant de communiquer avec eux à leur réveil et de leur proposer un marché: ils les guideront jusqu’aux « pierres interdites » à condition que « le jeune guerrier blond » (Luc) utilise « la mort qui tonne » (son fusil) pour tuer « le dragon de feu » (un fauve inconnu qui sème la terreur dans la région et qui est responsable de la mort d’un des membres de l’expédition de Damiani).




Etant donné qu’en cas de refus ou d’échec, les Thargs l’exécuteront ainsi que ses compagnons, Luc accepte ce marché et abat, non sans mal, le Dragon de feu, découvrant au passage que les Thargs sont nuls en zoologie puisque le « dragon » en question n’est pas un reptile, mais un félin. Et quel félin !




Oui, c’est un tigre géant s’apprêtant à dévorer un croisement improbable de licorne et d’antilope. Il faudra d’ailleurs vous habituer à ce genre de bizarrerie car plus nos héros se rapprocheront du but de leur voyage et plus la faune et la flore deviendront étranges et dangereuses.




Escortés par leurs guides Thargs Asho et Daka, Luc et ses compagnons parviennent, après moult péripéties, au but de leur voyage et constatent que Kala avait raison: les « Dragons de feu » de la légende sont bel et bien trois vaisseaux venus d’une autre planète. De Terango pour être précis.




Venus sur Terre dans un but scientifique, les téranguiens devaient prélever des échantillons de sa faune et capturèrent, entre autres, de nombreux Thargs qui n’étaient à l’époque que de primitifs hommes des cavernes. En représailles, ceux-ci lancèrent une attaque dont seuls deux téranguiens réchappèrent.




Partis à la recherche des autres vaisseaux de leur expédition, les deux survivants découvrirent que le système qui devait ranimer leurs occupants avait subi une avarie et que leurs compatriotes étaient restés plongés dans un sommeil artificiel. Ayant survécu jusqu’à aujourd’hui grâce à l’extrême longévité de leur race, Lec-Hôj et Sazh-O comptent sur les compétences scientifiques de Kala pour ramener leurs compagnons à la vie.




Les efforts de Kala, Luc et Lora pour ranimer les téranguiens manquent de leur être fatals, car ils ignoraient que des vêtements spéciaux étaient indispensables pour se protéger des radiations libérés lors de l’opération. Heureusement, sitôt sorti de sa léthargie, l’équipage de Galax-Ahj comprend la situation et s’empresse de les soigner.




Mais Julius Argos en a profité pour dérober les notes de Kala et se rendre au vaisseau de Lec-Hôj et Sazh-O avec l’intention de ranimer les hommes préhistoriques qu’ils avaient autrefois capturés et qui sont eux-aussi plongés dans un sommeil artificiel. N’ayant aucune envie de savoir ce que le sinistre savant compte faire avec de tels alliés, Orient se précipite au vaisseau pour l’en empêcher et arrive juste à temps pour voir les hommes préhistoriques réanimés s’enfuir dans la jungle en emportant Argos inconscient tandis que, dans la confusion, Sazh-O et un des primitifs trouvent la mort.




A partir de là, le scénariste réalise qu’il ne lui reste plus que deux pages pour terminer son histoire et qu’il n’aura donc pas le temps de caser la réanimation de l’équipage du troisième « Dragon de feu ». Il s’empresse donc de régler la question en expliquant qu’il ne contenait en fait que des « échantillons » d’animaux préhistoriques qu’il serait vain de ranimer. Et tant pis si ça contredit les dialogues précédents qui suggéraient clairement l’existence d’un troisième équipage. Le deuxième tome des aventures de Luc Orient se conclue donc sur le départ des téranguiens pour leur monde natal, tandis que Luc et ses amis retournent vers la civilisation en se promettant de garder le secret sur cette rencontre du troisième type. Même Toro et Rowney décident de rentrer dans le droit chemin après avoir pu constater qu’Argos était prêt à les abandonner à une mort certaine dès qu’il n’aurait plus eu besoin d’eux.




Nos héros ne restent cependant pas longtemps sans nouvelles de leurs amis de l’espace. Quelques jours seulement après leur retour au pays, Luc et ses compagnons reçoivent la visite de Lec-Hoj et Galax-Ahj porteurs de fort mauvaises nouvelles.




En effet, à leur retour sur Terango, les naufragés ont découvert qu’il y avait longtemps que plus personne ne se souvenait d’eux et de leur mission (plusieurs milliers d’années après leur départ, ce n’est guère étonnant) mais surtout que leur peuple, autrefois pacifiste, est désormais dirigé par un tyran nommé Sectan et sa sinistre Garde Noire. Plus grave encore: l’ambition démesurée de Sectan le pousse à vouloir étendre sa domination sur d’autres planètes, à commencer par Ydagh-Sor que nous connaissons mieux sous le nom de… la Terre !




Galax-Ahj est donc revenu sur Terre pour demander à Luc et ses compagnons de le suivre sur Terango et de rejoindre la rebellion menée par Thar-Ojec afin de faire échec aux projets de Sectan. En effet, malgré la puissance militaire dont il dispose, Sectan est ignorant des armes terriennes et son propre arsenal, conçu en fonction de la physiologie téranguienne, est peu ou pas efficace contre les terriens. L’effet de surprise aidant, Galax-Ahj et Thar-Ojec espèrent qu’ainsi, leurs alliés extratéranguiens leur fourniront un avantage contre le tyran.




Après une première mission réussie consistant à anéantir la flotte que Sectan comptait lancer sur la Terre, Thar-Ojec charge Luc Orient et Galax-Ahj d’entrer en contact avec les Dragons, des guerriers tribaux mi-hommes, mi-lézards vivant dans les marais de Xhorramango, afin de les convaincre de rejoindre la lutte contre le tyran. A peine ont-ils débuté leur expédition que Luc et Galax-Ahj découvrent que Lora Jordan et la téranguienne Granya les ont suivis et qu’elles ont même saboté leur propre véhicule pour les obliger à les laisser les accompagner.




Quant à la population locale, le premier contact ne se présente pas sous les meilleurs auspices: alors qu’il était parti chercher de l’eau, Luc est attaqué par deux Dragons qui déguerpissent à l’arrivée d’un lézard géant heureusement abattu par Galax-Ajh.




La fuite des deux guerriers déplaît fortement à leur chef, le prince Korran, qui est sur le point de les exécuter pour leur lâcheté quand Luc prend leur défense, défiant Korran en combat singulier et lui infligeant une cuisante défaite devant ses hommes. Par reconnaissance, ses deux ex-agresseurs deviennent de précieux alliés que Luc surnomme « Bibi » et « Toto », leur manque de vocabulaire ne lui permettant pas de connaître leurs vrais noms. Ils sont d’ailleurs les seuls Dragons à ne pas parler normalement et on apprendra par la suite que c’est à cause de drogues que leurs maîtres les forcent à consommer pour les maintenir dans la servitude.




Leur gratitude envers Luc s’étend d’ailleurs à ses compagnons puisqu’un peu plus tard, ils sauvent Lora d’une mort certaine et celle-ci s’empresse de leur exprimer sa gratitude. Curieusement, le coloriste se trompe sur la couleur de leurs crêtes qui deviennent roses le temps de deux cases, donnant l’impression que Lora embrasse les mauvaises personnes. A moins que ça ne soit voulu et que leurs crêtes rosissent sous l’effet de l’émotion? Quoi qu’il en soit, Bibi et Toto n’ont pas trop à se plaindre: ils sont bien mieux lotis que Sectan dont les cheveux roux deviennent bleu pâle pendant tout un album. A force que les rebelles lui en fasse voir de toutes les couleurs, ça devait arriver.




De son coté, ne digérant pas l’humiliation qu’on lui a infligée, Korran prétend offrir l’hospitalité à Luc et ses compagnons, mais c’est pour les livrer ensuite à son père, le cruel roi Borkh, qui les fait jeter en prison où ils rejoignent le Peuple des Cîmes, des hommes ailés armés d’éperons naturels aux talons et aux coudes.




Mais cette fourberie de Korran causera sa perte: les prisonniers s’évadent et une partie de ses propres hommes, écœurés par sa traîtrise, se rangent à leurs côtés. Devant une révolte désormais hors de contrôle, Borkh et Korran sont obligés de fuir et connaissent tous deux un sort funeste, Borkh faisant une chute mortelle tandis que Korran périt dans un piège qu’il réservait à Luc.




Désormais débarrassés de la tyrannie de Borkh et Korran, les Dragons et le Peuple des Cîmes ont cependant eu à travers eux un aperçu de la menace représentée par Sectan et offrent leur assistance aux téranguiens pour renverser le dictateur. Dictateur qui n’a pas été inactif pendant ce temps, puisqu’il s’est trouvé un allié terrien en la personne de notre vieille connaissance Julius Argos.




Certains s’étonneront qu’il ait survécu aux radiations libérées lors du réveil des hommes préhistoriques là où Orient et ses amis n’en ont réchappé que grâce à des soins immédiats. Mais n’oublions pas qu’Argos était au courant de leur mésaventure et a très bien pu prendre quelques précautions en conséquence. D’ailleurs, il a amené les primitifs avec lui et les soumet à un lavage de cerveau destiné à faire d’eux…




Témoin de son arrivée, Granya tente de rejoindre les rebelles pour les prévenir mais elle est attaquée par les globes de destruction, des sphères volantes qui avalent leurs proies pour les digérer vivantes.




Elle est sauvée in extremis par Luc Orient qui la ramène plus morte que vive à la base rebelle, sans se douter que les radars de Sectan l’ont suivi et que leur ennemi connaît désormais l’emplacement de la base contre laquelle il lance la terrible création d’Argos: une armée de gigantesques tripodes baptisée « Forêt d’Acier ».




Mais la plus grande menace ne vient pas de la Forêt d’Acier elle-même mais de ses pilotes, les hommes préhistoriques conditionnés par Argos et revêtus de combinaisons radioactives qui font d’eux autant de bombes atomiques vivantes que le savant diabolique compte faire exploser au moment opportun.




Malheureusement pour Argos, Kala réussit à faire fléchir son conditionnement et à rallier les pilotes à la cause rebelle. En outre, à cause de la différence d’atmosphère de Terango, la radioactivité de leurs combinaisons est beaucoup trop amoindrie pour permettre l’explosion espérée. Inutile de préciser qu’après une aussi piteuse démonstration, Argos peut s’estimer heureux que Sectan se contente de l’abandonner dans le désert au lieu de l’abattre sur place.




Mais Sectan n’est pas au bout de ses déconvenues. En effet, profitant du fait qu’il s’était absenté de la capitale pour mieux superviser l’attaque de la base rebelle, les habitants de Terangopolis se sont soulevés, vite rejoints par les Dragons et le Peuple des Cîmes, tandis que les rebelles eux-mêmes se lancent à l’assaut aux commandes de la Forêt d’Acier dont ils ont pris le contrôle. Son armée totalement débordée par un tel soulèvement, Sectan est poignardé par Toba alors qu’il s’apprêtait à abattre Orient. Le tyran mort, la paix peut revenir sur Terango et Luc et ses compagnons sont désormais libres de retourner sur Terre où d’autres aventures les attendent. Mais ceci est une autre histoire…




Sorti à une époque où la SF était quasiment absente du paysage franco-belge (Valérian débuta la même année et Yoko Tsuno n’arrivera dans Spirou que deux ans plus tard), ce premier cycle des aventures de LUC ORIENT est une franche réussite, débutant comme un récit d’aventure et d’exploration teinté de fantastique pour bifurquer ensuite vers le space-opéra. Un peu comme si on commençait à regarder un Indiana Jones pour se retrouver ensuite en plein Star Wars. Les dialogues de Greg sont, comme toujours, savoureux avec une mention spéciale pour la grandiloquence d’Argos, Sectan ou Korran, autant de bad guys excessifs dans leur mégalomanie sans jamais tomber dans le piège du ridicule. Avec son érudition coutumière, Greg sait rendre sa science-fiction plausible, aidé en cela par les dessins d’Eddy Paape dont le style réaliste contribue à la crédibilité de l’univers dépeint: machines, humanoïdes, plantes et animaux d’un autre monde y sont tous plus vrais que nature. Flash Gordon n’a donc pas à rougir de cet homologue français dont les aventures téranguiennes sont hélas quelque peu oubliées des lecteurs d’aujourd’hui.




C’est lors de la reprise en main de la rédaction de l’hebdomadaire Tintin par Greg, juste après avoir été annoncé dans l’avant dernier numéro de 1966, que « Luc Orient » apparaît : dans le n°3 du 17 janvier 1967 (et deux jours plus tard, dans le n°952 de la version française), lors d’une mémorable opération « Coup de canon ». Dans ces soixante pages bourrées de surprises, une gerbe de nouveaux visages (dont le scientifique « Luc Orient » qui y fait une entrée remarquée, mais aussi « Bernard Prince» et « Constant Souci », lesquels seront bientôt suivis par « Bruno Brazil », « Olivier Rameau », « Jugurtha », « Martin Milan »…) côtoie le retour des grandes vedettes du journal : « Michel Vaillant », « Alix » , « Corentin », « Dan Cooper », « Rataplan », « Taka Takata », « Vincent Larcher »…,


   


Greg désirant rompre avec l’esprit un peu trop boy-scout (imposé par Hergé) qui régnait alors sur cet hebdomadaire pour les 7 à 77 ans, où la science-fiction, entre autres, n’avait pas le droit de cité. D’ailleurs, seul « Tintin » semble être le seul véritable lien avec le passé puisqu’il poursuit son « Vol 714 pour Sydney » commencé dans le n°39 de 1966, alors que toutes les autres séries démarrent un nouvel épisode !

Eddy Paape connaissait Greg depuis le début des années 1950, quand tous les deux travaillaient, indépendamment, pour l’International Press d’Yvan Cheron : produisant, à tour de bras, des bandes et des illustrations pour La Libre Belgique ou pour son supplément jeunesse La Libre Junior.

Ils n’avaient, cependant, jamais collaboré ensemble …, jusqu’à ce jour où Greg, voulant renouveler l’équipe du journal Tintin, re-contacte Paape. Déjà qu’il se lassait d’illustrer, à Spirou, les scénarios (trop documentés, et surtout trop rares, à son goût) de Jean-Michel Charlier, le dessinateur de « Marc Dacier » et de « Valhardi », qui avait déjà 46 ans, était en plein dilemme professionnel, s’étant brouillé avec les Dupuis (les éditeurs de Spirou) : il songe alors à laisser tomber, définitivement, la bande dessinée. Heureusement pour nous, Greg finit par le faire changer d’avis, en lui proposant de rejoindre Tintin, où Paape avait déjà commis, dès 1965 et grâce au précédent rédacteur en chef (Marcel Dehaye), quelques histoires complètes didactiques sur scénarios d’Yves Duval, Pierre Step, Michel Dusart ou Jean-Luc Vernal ; il les avait cependant illustré sans grand enthousiasme, utilisant quelquefois les pseudonyme de Forget ou de Jo Legay.



    


Le thème de la science-fiction, alors peu usité dans la bande dessinée franco-belge, s’impose très vite aux deux camarades, Paape ayant depuis longtemps envie d’aborder ce genre où il a l’impression qu’il pourra, enfin, dessiner sans contrainte. D’ailleurs, dans l’un des trois passionnants livres consacrés à l’histoire des éditions Le Lombard (les responsables de la publication du magazine Tintin), Eddy Paape raconte que Greg le laissait entièrement libre, lui fournissant, parfois, pour certains détails, un croquis ou une description précise de ce qu’il désirait… La série obtint donc un certain succès (même si les ventes des albums n’ont jamais été faramineuses), évoluant, soit dans des mondes inconnus, voire hostiles (comme la planète Terango que nos héros vont libérer du joug d’un terrible dictateur), soit sur Terre, où les usagers de la cité scientifique d’Eurocristal seront confrontés à des phénomènes mystérieux et fantastiques.




Seulement voilà, Greg part pour les Etats-Unis, de 1982 à 1986, pour le compte des éditions Dargaud : ceci afin de tenter d’établir des ponts entre la bande dessinée européenne et les comics américains ; c’est ainsi que John Prentice, le dessinateur de « Rip Kirby », a failli dessiner la première version BD du « Largo Winch » de Jean Van Hamme ! Installé dans une jolie maison du Connecticut, à une heure de train de son bureau New-yorkais, l’auteur d’« Achille Talon » vit pleinement son nouveau projet de vie (d’autant plus que son épouse y vit un rêve de jeunesse, allant jusqu’à prendre la nationalité américaine) : par contre, il finit par se désintéresser, progressivement, de ses nombreuses séries réalistes ou poétiques créées pour Tintin.

Ainsi, il refile le trop méconnu (mais pourtant très amusant) « Domino », dessiné par André Chéret, à Jean Van Hamme ; il propose aussi à ce dernier la reprise de « Bruno Brazil » illustré par William Vance mais, finalement, la collaboration entre ces deux artistes se concrétisera par la création de « XIII », en 1984. En ce qui concerne « Luc Orient », Greg propose à Paape de travailler avec Gérard Jourd’hui, homme de cinéma qui adore la bande dessinée et la science-fiction : il a notamment produit « La dernière séance » d’Eddy Mitchell et « Vive la télé », un programme de l’après-midi, sur la Cinq, qui réunissait plusieurs séries américaines ou françaises comme « Max la menace », « Les Grandes Vallées » ou « Les Saintes chéries » ; il est aussi connu comme réalisateur grâce à son « Vieille canaille » brillamment interprété par Michel Serrault, en 1992. Si on en croit Eddy Paape dans l’excellent n°60 de Hop ! qui lui est consacré : « Il voyait ça comme un film : c’est-à-dire que la première case était une question, la seconde la réponse… Ca n’avançait pas ! En plus, ce nouveau scénariste n’était jamais à l’endroit où il aurait dû se trouver. Quand je recevais ses scénarios, c’était soit de Bretagne ou autres lieux. Si j’en recevais ! Je n’arrivais jamais à le joindre…, et, finalement, j’ai décidé de finir l’histoire moi-même…».


   


Son opération aux USA se révélant un coûteux échec, Greg revient sur le vieux continent et reconnaît qu’il avait fait une erreur en mettant cet apprenti scénariste dans les pattes d’Eddy Paape. Il tente alors de reprendre les rênes, mais entre « L’enclume de la foudre » en 1977 et « Caragal » en 1984 (les quatre épisodes réédités dans ce quatrième tome de l’intégrale, dont ce fameux « Roubak, ultime espoir » mis en place par Gérard Jourd’hui), huit ans se sont écoulés : un laps de temps trop important pour imposer, à nouveau, cette série d’anticipation que certains trouvent un peu trop désuète pour une époque où l’on découvre déjà « Star Wars » et « Alien ». Et puis, Eddy Paape a, de son côté, multiplié les collaborations (« Yorik des tempêtes », « Udolfo » ou « Carol détective » avec André-Paul Duchâteau, « Les jardins de la peur » avec Jean Dufaux…), afin de combler la défection provisoire de Greg : il ne croit plus trop à la résurrection de ce personnage qui connaîtra pourtant une dernière aventure, en 1994, publiée directement en album aux éditions du Lombard : « Rendez-vous à 20 heures en enfer… ».


Les albums suivant le Cycle de Terango sont :

Luc Orient, tome 6 : Le secret des 7 lumières




Au centre Eurocristal, le professeur Kala, grâce à de la roche ramenée de Térango, a découvert 7 lumières non connues sur la Terre. Par un accident, Luc Orient et Lorna sont irradiés par une de ces lumières. Le professeur décide de les isoler dans une maison abandonnée car il ne connaît pas les pouvoirs que cela peut conférer. Cependant, à côté de la villa, des maffiosi ont enlevé l’enfant d’une famille rivale. Luc et Lorna décident de venir en aide à l’enfant grâce à leurs nouveaux pouvoirs...


Luc orient, tome 7 : Le cratère aux sortilèges




Une météorite s’est abattue près du village de Sargonis. Luc Orient et Lorna Dale du centre Eurocristal, se rendent sur place pour observer le phénomène inquiétant ; d’autant plus, que les villageois sont pris d’une sorte de folie collective...


Luc orient, tome 8 : La légion des anges maudit




Luc orient et Kala apprennent, lors d’un colloque médical, qu’une nouvelle mutation humaine est en cours. Ils assistent à une scène où des enfants semblent avoir une force colossale. Le docteur Kala est presque sûr qu’il s’agit d’une supercherie…


Luc Orient, tome 9 : 24 heures pour la planète Terre




Un individu surnommé le Dévastateur menace de détruire la Terre. Pour montrer sa détermination, il détruit un pont grâce à une mystérieuse bactérie, ce qui cause la mort de deux personnes. Luc Orient et le professeur Kala sont persuadés que la menace ne peut être qu’extra-terrestre. Ils partent dans une lutte effrénée et minutée contre l’énigmatique Dévastateur.


Luc Orient, tome 10 : Le 6éme continent




Luc Orient est une nouvelle fois mandaté par Eurocristal pour retrouver le professeur Kala qui a disparu. Celui-ci aurait été enlevé dans les Alpes autrichiennes par une sorte de fourmi géante !!! Une fois sur place, Luc Orient lui aussi, est fait prisonnier et conduit dans une base souterraine qui ressemble fort à une fourmilière géante…


Luc Orient, tome 11 : La vallée des eaux troubles




Luc Orient est envoyé sur l’île de Bornéo où se produisent des phénomènes étranges. Des animaux préhistoriques semblent hanter la région de manière totalement inexplicable. Luc Orient se charge de démêler cet imbroglio.


Luc Orient, tome 12 : La porte de cristal




Lors d’une soirée chez Bob Carnot, un ami de Luc Orient, nos héros vont être soumis à des phénomènes insolites. Victime d’une crevaison alors qu’il part chercher de l’aide Luc Orient rencontre un marquis du XVIIIème siècle et un grognard Napoléonien. Il semble que ce lieu mystérieux soit le site d’une rupture temporelle…


Luc Orient, tome 13 : L'enclume de la foudre




Luc Orient et son équipe sont toujours à bord du vaisseau des Dartz : le Jabbrak. Celui-ci est à destination de la planète Térango où les Dartz espèrent pouvoir trouver refuge. Mais, le convoi vient à manquer cruellement d’eau. Il faut donc se réapprovisionner au plus vite. Or, la seule planète proche est Roubak, surnommée l’enclume de la foudre, mais celle-ci semble un enfer bien inhospitalier…


Luc Orient, tome 14 : Le rivage de la fureur




Le vaisseau des Dartz approche de l’objectif Térango. Une escadre emmené par Luc Orient et Lora vient donc aborder la planète. Mais, celle-ci a bien changé et notre équipage doit faire face à des Amazones géantes qui défendent vaillamment leur territoire.


Luc Orient, tome 15 : Roubak, ultime espoir




Les Dartz sont obligés d’atterrir, une nouvelle fois, sur la planète Roubak. Mais, celle-ci a subi un certain nombre de bouleversements, depuis l’épisode l’enclume de la foudre.

Cependant, cette planète semble être la seule propice et apte à accueillir les Dartz. Les dangers y sont pourtant constants. Orient et sa bande vont devoir faire face à un vieil ennemi que l‘on croyait mort depuis longtemps…


Luc Orient, tome 16 : Garagal




Alors qu’il enquête sur la disparition de la cité des Géants d’Arkato sur la planète Térango, le professeur Kala découvre un terrible secret. Il est victime du caragal une substance qui provoque chez lui une mutation effrayante. Kala devient, dès lors, un monstre aux pouvoirs surhumains. Luc Orient part à la chasse de son ancien ami et engage une poursuite impitoyable.


Luc Orient, tome 17 : Les spores de nulle part




Quatre histoires composent le présent opus :

- "Les spores de nulle part". Luc, Lora et le prfesseur Kala pénètrent dans un forêt où d'énormes spores volantes ont été signalées. Ils les découvrent. Ce sont en réalité des robots téléguidés par un être se faisant appeler docteur. Qui est-il ?.. Quel est son but poursuivi ?...

- "Les rayons de feu du soleil". Une chaleur incroyable vient de s'abattre sur la Terre. Occupés dans leur labo à diverses recherches, nos trois amis sont soudain projetés dans une autre dimension. Ils y rencontrent un extra-terrestre en mission : les habitants de sa planète ont besoin de pluie et de froid pour survivre. Son but : coloniser la Terre...

- "La vengeance". Lors d'une exposition, une toile des paysages d'Akkaton est admirée par de nombreux visiteurs. Mais à sa vue , la folie s'empare des gens, des phénomènes inexplicables se déclenchent...

- "Mission en 2012". An 2021, au siège du building des "enquêtes temporelles". Carol, détective, va être envoyée dans le temps, neuf ans plus tôt, pour résoudre une affaire criminelle jamais élucidée.


Luc Orient, tome 18 : Rendez-vous à 20H en enfer




Le professeur Kala montre à Luc des photos d'archives de la seconde guerre mondiale plus qu'étranges : On y voit Luc en uniforme Allemand.

D'abord troublé et dubitatif, Luc finit par admettre qu'elle sont authentiques et prouvent qu'il a effectué un voyage dans le temps. Le professeur Kala lui avoue alors qu'il fait justement des recherches sur le sujet et qu'il pense être prêt. Il ne lui manque plus qu'un cobaye humain... Luc Orient, dont les photos lui prouvent que de toute façon il aurait accepté à un moment ou un autre, se lance dans l'aventure. Mais Lora le précède et ça, ce n'était pas prévu...

Voilà un condensé des renseignements que j'ai pu glaner ici ou là sur internet pour parler de ce Flash Gordon à la Franco/Belge dont je vais me replonger dans la lecture avec plaisir, de plus je trouve que ses aventures sont un bon terreau pour des scénarios de Jdr Pulp / Sci-fi...

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