lundi 10 juillet 2017

Jeu vidéo : GoNNER

Un petit jeu sympathique sur lequel on passe pas mal de temps en ce moment : GoNNER.




Il s'agit d'un jeu de plateformes 2D combinant certains aspects du jeu d'aventure et du genre rogue-like. Les niveaux que le joueur doit compléter sont générés de manière procédurale et ne sont donc jamais identiques. Le joueur incarne Ikk, un être aux membres détachables dont le seul objectif est de divertir son amie, la baleine Sally. Confronté à des hordes d'ennemis récurrents, Ikk peut changer de tête, d'armes et de sac à dos pour modifier ses capacités de saut et de combat (pistolet, fusil à pompes, laser, explosifs, etc.) Le jeu comporte 4 mondes peuplés d'ennemis différents et chacun chapeauté par un chef de niveau final.




On ne va jamais très bien quand on n'a pas toute sa tête. GoNNER prend cette affirmation à la lettre en vous faisant diriger un corps décapité qui doit trouver un crâne à enfiler pour ne pas mourir au moindre contact, ainsi qu'une arme qui tire tout droit et un sac à compétence spéciale pour mieux se défendre. Lors de la toute première partie, vous n'aurez pas d'autre choix qu'une tête offrant cinq coeurs, un flingue avec une vingtaine de balles et un baluchon contenant un chargeur de secours en cas de pénurie de munitions. Le run & gun d'Art in Heart reposant avant tout sur l'analyse rapide et la dextérité, il est tout à fait possible de traverser tous les mondes et de voir les crédits de fin sans jamais changer la composition de son barda. Cela dit, on aura tout intérêt à tester les différentes besaces, caboches et pétoires achetées en chemin pour trouver l'équipement le plus adapté à son style de jeu. Opter pour la sécurité avec une bouche remplie de coeurs, un tromblon d'enfer et une invincibilité temporaire ? Choisir la méthode acrobatique avec un ciboulot tournoyant, un gros laser et une déflagration circulaire en cas d'embuscade ? Ou la technique de bourrin avec la gueule en forme de canon, le lance-roquette et le mode berserk temporaire ? Tout est possible du moment que vous restez adroit et gardez la tête sur les épaules.





Car perdre bêtement la vie dans GoNNER est chose aisée : dès qu'un ennemi, un tir ou une explosion touche votre petit bonhomme, il perd tous ses attributs en même temps qu'un coeur. S'il se fait à nouveau toucher sans avoir ramassé sa calebasse, c'est la mort subite. Même punition s'il n'a plus de coeur au moment d'un impact douloureux, ce qui vous oblige à recommencer depuis le premier niveau. A moins d'avoir ramassé suffisamment de glyphes en route pour s'offrir une résurrection dans l'antichambre de la mort, avec récupération des trois objets choisis en début de partie et retour au dernier tableau visité. Mais plus vous irez loin et plus la dîme exigée par la camarde pour vous laisser continuer votre descente aux enfers sera élevée. Vous devrez donc éviter de mourir souvent et récolter un maximum de glyphes en tuant les ennemis sans trop de temps mort entre chaque attaque, afin de ne pas briser la chaîne des cadeaux - qui peuvent d'ailleurs être des cartouches pour remplir son barillet. On peut aussi tomber sur des stages bonus remplis de monstres et de glyphes, ainsi que sur des cœurs planqués dans des coffres ou en stock chez les marchands, qui acceptent la même monnaie d'échange que la Grande Faucheuse pour céder leurs biens ou modifier aléatoirement leur étalage.





Ce qui distingue GoNNER des autres roguelite platformers du marché, c'est d'abord sa patte visuelle incroyable, entre l'aquarelle et le pastel qui se dessinent sous vos yeux à mesure que vous avancez dans les niveaux. Les tremblements d'écran (désactivables si vous détestez ça), les gerbes de couleurs qui se déchirent, les traits des murs qui vibrent, la bruitages laissant deviner si un ennemi est sur le point de charger ou de mourir, la musique géniale qui s'accélère à mesure que le compteur de combo grimpe... Tout cela contribue à des montées d'adrénaline jouissives, souvent suivies par des plages de descente bienvenue lorsqu'on a nettoyé une pièce, trouvé l'étage du vendeur ou rejoint la baleine géante qui motive votre personnage à continuer en lui offrant une dose d'amour pour retrouver la santé avant la prochaine strate. Bien qu'ils ne soient pas nombreux, les mondes ont tous un thème, une palette et un bestiaire propres, avant d'arriver jusqu'au baroud final où tout le monde se retrouve dans le même bain pour vous éclater (à) la tronche. Et même lorsque vous aurez vaincu le dernier boss aux élans rageurs, il y aura encore d'autres plongées en vue pour débloquer l'ensemble des items et tenter différentes approches pour venir à bout des étages générés de façon procédurale.




Comme dans Spelunky ou Downwell, il y a mille et unes manières de toucher le fond et de rebondir, que ce soit sur les murs, sur les ennemis pour les tuer sans avoir besoin d'arme ou dans les airs grâce au double saut. Par moments, il faut même savoir se détendre de la gâchette pour éviter de masquer des ennemis vicieux sous les explosions de leurs comparses. Un autre petit défaut du jeu - à part pour celles et ceux qui aiment souffrir en continu - est de ne laisser qu'une demi-seconde avant d'être à nouveau vulnérable après un coeur perdu, ce qui facilite le gang bang à votre désavantage. Le petit nombre de mondes et les boss fixes pourront également rebuter les joueurs qui s'attendraient à une grande variété de contenu, même s'il faudra un moment avant de découvrir tous les secrets de GoNNER. Mais le plus grand compliment qu'on puisse faire au jeu tient à son talent pour faire comprendre ses mécaniques et sa petite histoire - plus libre aux interprétations, du coup - sans un mot, tout en donnant toujours envie de lancer la partie de plus, celle où on espère faire des miracles avec un peu des arcs électriques, un aileron de requin et une tête brûlée.

GoNNER à l'air de se dompter facilement au premier abord, mais il vous en fera baver avant d'atteindre le fond de la piscine infernale. Aussi magnifique et bien ficelé qu'impitoyable et condensé, le titre de Ditto jongle habilement avec la frustration et la satisfaction pures pour réussir à vous mettre dans un état second. Petit mais costaud, il vous semblera peut-être trop injuste, court ou bordélique, ce qui ne l'empêche pas d'offrir une volée de sensations grisantes en retour pour se faire pardonner ses menus défauts. Ici, on le défendra jusqu'à la mort.

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